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samedi 7 juillet 2018

Semaine 21 - Apercevoir - nez à nez avec un hélicoptère...

Les événements improbables, les situations inattendues, les rencontres fortuites, ces moments d'imprévu me fascinent et me donnent à chaque fois une émotion particulière. Que ce soit de la joie, une peur, un doute, un rire qui se déploie, je n'en sors jamais indifférente.

La montagne est un lieu qui me ressource, un endroit où j'oublie tout. Alors que je regarde à l'horizon, que je contemple les cimes en face de moi si loin mais pourtant si proche, je me sens bien. Mes pensées m'abandonnent et je suis juste là, face à la nature.

Le week-end dernier, j'étais donc de retour dans les Hautes-Alpes avec des amis à qui je faisais découvrir la région. J'avais prévu de retourner au lac de mon "pèlerinage" annuel : le lac du Lauzon, à 2000 mètres d'altitude.

La marche, débutée assez tôt, nous avons atteint ces eaux calmes vers 10h30 du matin. Les lieux avaient eux aussi la marque de l'hiver, me rappelant un peu le lac de Prals : les névés parsemaient le sentier, les fleurs et notamment les rhododendrons avaient sorties leurs plus belles couleurs. Je redécouvrais les versants de cette montagne familière, le vert me sautant aux yeux.

Depuis quelques temps, je ressentais un appel de plus en plus insistant pour une destination supplémentaire : le refuge du pigeonnier, situé 400 mètres plus haut, à flanc de sommet. Ce refuge, je l'entr'apercevais à chaque descente. Mais cette fois-ci, d'un commun accord avec mes compagnons de marche, nos pas ont bifurqué sur le sentier de sa montée.


Apercevoir v.t.
1. Voir, discerner de façon soudaine ou fugitive : j'ai cru l'apercevoir dans la foule.
2. Découvrir ce que l'on ne saisissait pas nettement : commencer à apercevoir les raisons d'un échec

S'apercevoir: v. pr.
Se rendre compte de : Elle s'est aperçue de votre présence.


Le paysage, vu d'en haut, revêtait une douceur particulière, des couleurs, une émotion presque. Nous avions réussi, à notre rythme, à atteindre le sommet en moins de 2 heures. Un arrêt pour manger, ressentir le moment, regarder la vallée, les névés, le glacier, les cascades.

Et puis, un bruit étrange. Familier mais pas dans ce contexte. Dans ce lieu presque silencieux, sinon des chants d'oiseaux et du son de la nature, ce bruit se rapprochait de nous. Un hélicoptère fendait l'air pour se rendre au niveau du glacier, tournait et se lançait dans une valse étonnante au dessus des pics. 

L'heure de la descente avait sonné, nous nous sommes levés et avons rangé nos affaires. Le sentier nous attendait, chemin en boucle qui nous montrerait l'autre versant et nous permettrait de découvrir le côté de la montage que je n'avais jamais vu. 

Alors que nous avancions, je me suis arrêtée, un peu en recul, pour prendre une photo de mes camarades. Je repartais lorsqu'un bruit assourdissant m'a stoppée net. Je suis revenue sur mes pas et alors que je ne m'y attendais pas, je me suis retrouvée nez à nez avec cet hélicoptère, en vol stationnaire à 5 mètres de moi en hauteur. 

J'ai un peu reculée pour mieux l'observer et me mettre en sécurité de son souffle. Ce qui est fascinant avec le fait de percevoir, d'apercevoir, de voir les choses c'est que tout dépend du point de vue de la personne qui observe. J'étais là, en face de cet engin, captivée, sans pouvoir ne serait-ce qu'apercevoir les personnes à l'intérieur. Mes amis me regardaient, à cinq mètres en avant sur le chemin et me faisaient part que de leur position, l'hélicoptère était invisible. Ils ne pouvaient voir que moi, en attente, hypnotisée.


Une coïncidence ? Un heureux hasard ? 

En tout cas, ce lieu, ce refuge qui m'appelait depuis si longtemps, dans cette montagne qui accueille le lac du Lauzon si cher à mon père ; cet hélicoptère, cet engin que je n'ai jamais vu ni entendu dans les 15 dernières années où nous sommes montés là-bas : je ne peux m'empêcher de penser qu'il était quand même un peu là pour que je l'aperçoive...



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