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vendredi 30 mars 2018

Semaine 9 - Merci

Il est des semaines où la valse des jours nous entraine dans des lieux, dans des situations, dans des émotions inattendus. Un jour la tempête fait rage, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur ; le lendemain, le soleil a repris sa place et semble briller encore plus que d'habitude. Il y a des jours où l'on se sent mal, où les paroles d'un proche (ou moins proche) nous touchent, nous surprennent voir nous blessent alors qu'on ne pensait pas y accorder tant d'attention. Et puis, le lendemain, après le flot des émotions, les larmes ou la colère, l'apaisement se pose sur nos épaules, on se sent bien, rasséréné, vivant et finalement heureux d'avoir réussi à traverser l'orage.

Cette semaine écoulée est de celles-ci.

Merci - n.f.
1. A la merci de quelqu'un, de quelque chose, sous la dépendance de quelqu'un ; soumis à l'action de quelque chose.
2. Demander merci : demander grâce
3. Dieu merci : heureusement
4. Sans merci : sans pitié.

Merci - interj. et n.m
Terme de politesse utilisé pour remercier (exprimer sa gratitude à quelqu'un pour quelque chose).

Il est étonnant de voir que ce mot, si simple en apparence, semble avoir un sens diamétralement opposé selon l'homonyme que l'on utilise. Et en même temps, ce n'est pas si étrange que cela si l'on se met dans l'optique que tout orage, toute tempête, tout événement intense peut s'avérer porteur d'apprentissage très important pour notre évolution. C'est alors que se retrouver à la merci de quelqu'un, à entendre des phrases blessantes alors qu'on ne souhaitait qu'exprimer une reconnaissance particulière, s'avère extrêmement positif. 

Alors, oui, évidemment, sur le coup, je n'ai pas du tout vu le positif, j'ai pris un coup de poing dans le ventre et j'ai accueilli sans un mot. La violence des émotions a pris le relais. L'orage intérieur s'est mis à gronder et je me suis sentie démunie. Mais avec le recul, ce coup de poing, cette violence, ont permis de faire ressortir des choses extraordinaires telles que des pensées enfouies et dont je me suis libérée ou la reconnaissance d'être entourée par des amis qui vous soutiennent et vous encouragent. 
Dans cette situation intense, j'ai pris la plume, le stylo, le crayon, un papier, un post-it, tout ce qui me passait sous les mains et je me suis mise à écrire, écrire, écrire, à vider mon cerveau, ma tête, mon coeur de toute la noirceur, doute, peur engendrés. Le lendemain, le soleil brillait comme jamais auparavant dans mon esprit. J'avais déposé à terre des baggages qui me pesaient et je me sentais légère comme une plume. 

Se mettre à la merci de quelqu'un, c'est également s'ouvrir à l'autre, accueillir qui l'on est vraiment et finalement, c'est se mettre à la merci de notre propre regard, de notre propre jugement sur la vie et les événements. Alors, je remercie du plus profond de mon âme et avec la plus grande sincérité, toutes les tempêtes dans lesquelles je me suis retrouvée, alors que j'imaginais ne pas pouvoir me relever ou sortir de la vague. Je les remercie et je vous invite aussi à le faire car elles font de nous les personnes que nous sommes maintenant. 

samedi 24 mars 2018

Semaine 8 - Refléter

Le printemps vient de déployer ses ailes, doucement, lentement. Je le vois prendre peu à peu sa place à travers les premiers signes de floraison des arbres, les premiers rayons de soleil qui chauffent la peau et les oiseaux qui tournoient dans le ciel. 

L'hiver, cette année, s'est montré dans toute sa splendeur. La neige, le froid, le gel qui encercle les gouttes d'eau nous offrant des cascades de glace. La beauté des flocons qui envahissent le ciel, ces cristaux magnifiques qui illuminent mon regard. Lorsque le froid frappe à notre porte, on prend plaisir à se retrouver à l'intérieur, à se réchauffer auprès d'une bonne tasse de thé ou café, à rire avec des proches, à refaire le monde. C'est également l'occasion de se retrouver soi-même et de réfléchir.
Les émotions se cristallisent. Et l'on se redécouvre, seul face au miroir de nos pensées. 

Refléter 
1- Renvoyer la lumière, la couleur sur un corps voisin ; réverbérer.
2- Laisser voir ; révéler 

Se refléter
1- Se réfléchir
2- Être perceptible ; transparaître.


J'ai vécu ce passage de l'hiver au printemps comme une véritable période d'introspection. Je me suis autorisée à regarder dans mon âme, à mettre un coup de projecteur sur la scène de mes pensées, de ma vie, de mon passé et de mes émotions. Et comme lorsque la lumière inonde une scène, elle révèle enfin ce qui n'osait se montrer, ce qui restait dans l'ombre. Des images du passé sont remontées à la surface, des fragments de ma mémoire se sont dévoilés. Je me suis observée dans mon intégralité : accepter ses fragilités, révéler ses forces, entrapercevoir la petite flamme qui rêve de se montrer, laisser transparaître ses doutes. C'est en acceptant nos parts d'ombre, en les choyant et les rassurant que nous pouvons les transcender et les faire briller. Et c'est alors que l'hiver se transforme en printemps, que les bourgeons fleurissent et que la cascade reprend sa chute majestueusement.


vendredi 16 mars 2018

Semaine 7 - Surprise

Réagir ou agir avec un grain de folie, courir dans les rues d'une ville en riant, descendre en glissant sur une rambarde, chanter à tue-tête, rire et s'émouvoir avec des ami(e)s autour d'un verre et d'un bon repas. Dernièrement, je me suis prise au jeu de la vie, à essayer de suivre mes petites folies du moment, à vouloir être étonnée, à vouloir changer mon regard sur les choses.

Surprise n.f.
1. Etat de quelqu'un qui est frappé par quelque chose d'inattendu ; étonnement : à la surprise générale.
2. Evénement imprévu.
3. Se dit de quelque chose qui est fortuit et soudain : visite surprise.
4. Cadeau ou plaisir fait à quelqu'un qui ne s'y attend pas.
5. Divine surprise : événement inespéré et exeptionnel.

Ce qui est extraordinaire, c'est que lorsque je me suis autorisée à être surprise, des portes se sont ouvertes. Des personnes que je ne connaissais pas vraiment ont commencé à lever leurs défenses, à se confier. On a échangé des moments d'une magnifique beauté autour de discussions philosophiques sur la vie. Mon âme d'enfant s'est réveillée, elle a commencé à vouloir s'amuser, à vouloir reprendre le contrôle de mon coeur et de mes actions. Alors, sans me préoccuper du regard et de ce que pourrait en penser les personnes avec qui j'étais, je l'ai laissée s'exprimer. Elle m'a fait rire et le rire s'est répandue dans notre groupe. 
Accepter d'être surpris, c'est accepter de ne pas tout maitriser, c'est accepter de revoir son jugement et ses opinions. C'est ouvrir son coeur aux autres et apprécier vraiment la vie. Accepter que notre perception et notre première impression soit peut-être faussée. Et finalement, la récompense ultime : se surprendre soi-même. Se redécouvrir. 

C'est alors que la surprise devient générale : les rires, l'émotion, les pleurs aussi parfois fusent. La folie passagère, qui se termine parfois par un petit bleu au genou, enlève les barrières et ouvre la porte vers l'autre. Car si je peux me surprendre moi-même et surprendre les autres, quel sera l'effet boule de neige ou l'effet papillon engendré ? Quel sera l'impact d'un bonjour souriant à un ou une inconnue ?Hummm... Surprise !

vendredi 9 mars 2018

Semaine 6 - Renaissance

En étant logée à la locale, j'ai pu prendre conscience des petites choses que j'ai à disposition et que je ne savourais même plus. La maison n'ayant pas de chauffage et les nuits étant très fraiches (avoisinant les 1 ou 2 degré), je dormais emmitouflée dans mon sac de couchage, lui-même enveloppé dans une couverture. Pour ce qui est de la douche, l'eau chaude était fournie grâce à l'énergie solaire qui chauffait les tuyaux. Autant vous dire que les jours de nuages, je prenais une douche express afin de minimiser le temps à l'eau froide certes, mais également à l'air frais car la salle de bain était dotée d'une grande ouverture vers l'extérieur.

Ces conditions, initialement compliquées, se sont petit à petit simplifiées : je m'y suis habituée. J'avais pris un rythme agréable et chaque bonne nouvelle (l'eau chaude d'une journée magnifiquement ensoleillée) me comblait de joie. Ce séjour m'avait ramenée à voir l'essentiel, à faire l'expérience de la vie sans superflu et à apprécier chaque instant.

Le soir dans le village, alors que je regardais une dernière fois le paysage sous un magnifique crépuscule, la petite fille de la famille m'a rejoint sur le toit. Comme elle adorait danser, j'ai pu immortaliser le moment où, ce soir-là, elle me montre les pas et où j'essaie (avec beaucoup de volonté) de danser à son rythme. De la joie à l'état pur.

La dernière journée, l'inspiration m'est revenue doucement et cette retrouvaille avec une vieille amie m'a tout naturellement menée à choisir ce mot de la semaine.

Renaissance (n.f)
1. Action de renaître.
    a. naître de nouveau ; revenir à la vie ; ressusciter
    b. Croître de nouveau, en parlant des végétaux ; repousser
    c. Recommencer à exister ; recouvrer sa vigueur ; revivre : il se sent enfin renaître.
    d. v.t. ind. (litt.) Retrouver un certain état: renaître au bonheur.
2. Nouvel essor ; renouveau

J'avais oublié ce qui me parlait, ce qui m'inspirait, me transcendait. Alors que la bibliothèque de l'école était décorée, rangée, propre et prête à accueillir les élèves, on nous a demandé de passer dans chaque classe pour expliquer ce qu'est une bibliothèque, à quoi elle sert, à quoi sert la lecture et les ressources disponibles et enfin comment l'utiliser. Les cinq classes nous attendaient, l'explication de notre travail et de notre motivation devant être faite en anglais et en népalais. Je m'occupais de la partie anglaise alors qu'un autre bénévole traduisait et ajoutait des éléments en népalais.

Au fur et à mesure de mes paroles, je sentais l'inspiration monter, la redécouverte de pourquoi j'aimais autant lire et écrire, de ce que cela m'avait apporté étant plus jeune. Certaines phrases étaient prononcées sans que je m'en aperçoives ni ne les prépares. J'étais en phase et je m'étonnais même parfois de certains messages, comme s'ils ne m'appartenaient pas. Je ressentais une grande chaleur dans le coeur.

Je n'ai pas sentie tout de suite qu'à cet instant, mon esprit, mes rêves et mes envies étaient en train de renaître, de recouvrer la vigueur post-Thaïlande. J'étais trop heureuse de réaliser que j'avais réussi à surmonter cette minuscule appréhension qui se terrait dans ma tête à l'idée de parler en anglais à des élèves népalais de l'importance des livres.



 Spéciale dédicace à Tomey qui le lendemain de cette photo a disparu, mangé par un Tigre sauvage (non, ce n'est pas une blague)



vendredi 2 mars 2018

Semaine 5 - Mantra

Lors de ma deuxième semaine népalaise, j'ai expérimenté de manière assez intense et étrange ce sentiment de présence dont je parlais dans l'article précédent. Mon corps et mon esprit commençaient à s'habituer aux lieux et au rythme de la vie népalaise.
Des petites choses "anodines" se déroulaient sous mes yeux et avec ce regard "présent", je pouvais vraiment enfin réaliser quelles belles surprises ce voyage me réservait. Sur le chemin du bus, un enfant sort de chez lui en nous voyant passer, m'interpelle, m'appelle à le rejoindre et m'offre un petit chocolat encore soigneusement emballé dans son magnifique papier. Ce chocolat, cadeau d'un enfant, me servirait le lendemain alors que la faim me tiraillait l'estomac. 
Je me suis alors mise à être plus attentive aux différents sons qui me parvenaient de toute part. Et voilà que je découvrais ce mot de la semaine.

Mantra (n.m) - mot sanskri "instrument de pensée"
Dans l'hindouisme et le bouddhisme, syllabe ou phrase sacrée dotée d'un pouvoir spirituel.

Au sens premier du terme, alors que l'on visitait le site de Boudhanath, magnifique stupa bouddhiste, mon esprit est soudainement attiré par une ouverture dans un mur. Ce petit passage menait à un des trois monastères qui entourent le monument. Je suis de plus en plus attirée vers ce bâtiment, d'où s'échappent des sons, des voix graves qui psalmodient des mantras, d'une manière presque hypnotisante. Les chants sont rythmés par des moments intenses, des cors, des trompettes, des tambours jouant à l'unisson. Puis la musique s'estompe et les chants reprennent de plus belle. Je m'approche. Je vois l'ensemble des moines contre le mur intérieur gauche, assis, presque en transe et récitant ces paroles. Au début, je n'ose pas entrer dans cette pièce pourtant accessible au public. Et puis, une force et une envie instinctive me décide. J'enlève mes chaussures et avance au milieu de la pièce. Je les observe, je les regarde, je ressens la musique et les mantras. Et là, j'expérimente quelque chose de profondément troublant : je ressens une vibration intense dans le sol, mes pieds et qui remonte dans tout mon corps, dans mon coeur, dans mon âme. Je ferme les yeux pour savourer pleinement cet instant. Les cors retentissent. Un instant d'éternité.
Et puis, doucement la musique et les mantras s'arrêtent. Je ressors de la pièce encore intriguée, étourdie et un peu ailleurs.


Un mantra peut aussi correspondre à une phrase ou un mot que l'on se dit, qu'on entend, qui nous aide et nous apporte un soutien ou de la joie. Je crois que l'important c'est de ressentir les mots, qu'ils raisonnent en nous. Il change en harmonie avec notre propre évolution. Par moment, je n'arrive pas à en identifier un et parfois, il s'impose de lui-même. Je n'ai plus peur d'exprimer cette réalité que notre voix intérieure est importante et vaut la joie (plutôt que la peine) d'être écoutée.