Translate

samedi 24 février 2018

Semaine 4 - Présence

Me voici de retour du Népal. 
Un voyage à l'étranger, la découverte d'une culture différente, de paysages magiques, d'un style de vie et d'une langue étonnante. Mais surtout un voyage en introspection, à l'intérieur de mes pensées, de mon esprit. De mes doutes et de mes certitudes, de mes envies et mes frustrations. Un enchevêtrement d'émotions.

Pour cette semaine et la prochaine, j'ai décidé de choisir deux mots qui caractérisent vraiment ce que j'ai ressenti là-bas. J'avais emmené un petit calepin Moleskine tout neuf pour l'occasion. Chaque jour, il m'a accompagné comme un véritable compagnon. Il est le témoin de mes activités (j'y allais pour rénover la bibliothèque d'une école), des personnes rencontrées mais aussi et surtout mes sensations, mes surprises, mes joies et mes difficultés.

Présence (n.f) - latin praesentia
1. Fait d'être présent.
    a. Qui est dans le lieu dont on parle
    b. Qui est, qui existe dans le temps où l'on parle ; actuel.
2. Qualité d'une personne qui s'impose au public par son talent, sa personnalité.

Dans la rapidité de ma vie occidentale, j'avais un peu oublié de vivre le moment présent. Même si j'ai inclus dans mon quotidien des instants pour m'en rappeler, j'ai redécouvert au Népal le fait de prendre le temps de regarder, ressentir, écouter, dialoguer. Par des petites choses, toutes simples, j'ai réappris à être présente. A vivre.


Dimanche 4 février - L'arrivée au Népal est plus que dépaysante. En attente pendant 40 minutes à cause de la visibilité, l'avion commence la descente entouré de montagnes. Le paysage se profile, encaissé. Montagne, pics enneigés des deux côtés. Et puis, des maisons, des tours. Ah, tiens, on vient de toucher quelque chose. L'avion tremble, on vient d'atterrir sur la piste cahotante... 
A Katmandou, j'ai quartier libre jusqu'au lendemain matin. Je me balade dans la ville, les yeux écarquillés, un masque "fabriqué" avec mon écharpe sur le nez et la bouche. La poussière vole, les bruits, les odeurs. La ville est encore meurtrie. Le tremblement de terre de 2015 a laissé ses marques si l'on y regarde bien : les bâtiments en construction, les routes cabossées. Ou étais-ce déjà comme cela et le séisme a "juste" accentué cet état ?...
Les chiens errants jalonnent mon parcours. Mes yeux ne savent plus où regarder : des échoppes, des fils, la route, des motos et des camionnettes, des tracteurs en guise de moyen de locomotion. J'avance, je me perds un peu dans les ruelles. Je me retrouve finalement en bas des marches qui mènent à la Stupa de Swayambhu. Je commence mon ascension entourée de statues et de singes. Des familles entières traversent, jouent, sautent d'arbre en arbre. Je me pose pour observer ce ballet aérien. A la cime d'un arbre, un rapace domine la scène.
Un népalais s'assoit à côté de moi et on entame la conversation. Le lieu est calme, comme hors du temps, hors de la circulation de la capitale, hors du bruit de la ville. Je continue l'ascension et arrive en haut, dominant la ville, visualisant ses toits et ses ruelles. Mais ce qui est majestueux me fait face : la stupa est décorée de milliers de "drapeaux" qui flottent au rythme du vent, presque de manière surnaturelle, au ralenti. Une musique d'incantations accompagne ce spectacle, le temps s'arrête. C'est étrange, c'est beau, c'est reposant.


Jeudi 8 février - Je suis seule sur le toit de la maison de la famille népalaise qui nous accueille pour deux semaines. Je savoure ces instants de tranquillité : j'ai décidé de suivre mon rythme, d'écouter mon instinct et de suivre mes envies. Et mon envie du moment, c'est le calme, le besoin de prendre mon temps, de méditer ou de juste écouter les bruits ambiants. Le vent dans les arbres, l'aboiement des chiens au loin, les oiseaux qui chantent et se répondent au dessus de ma tête, les voix d'enfants et d'adultes qui s'interpellent en népalais, ... 
J'ai envie de profiter de ce rythme. Est-ce ne rien faire que d'être assise là, ici, maintenant ? Non, je crois que mon cerveau et mon corps ont besoin de cette "retraite". Sans vraiment parler, juste écouter et voir passer mes pensées. Elles tournent, tourbillonnent...
La vie accélérée, cette vie que j'ai tant connue, ce n'est pas ce que je suis venue chercher. Alors cette soirée de calme à regarder le coucher du soleil sur la vallée est magnifique. Je lève la tête comme mue par une sensation : des rapaces tournoient dans le ciel au dessus de moi, libres.
Et puis, doucement, la petite fille de la famille me rejoint sur le toit et nous entamons des jeux, de la danse, des chants. Les rires fusent, mon âme d'enfant s'est réveillée. 







Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire